

La deuxième journée du groupe de travail «Forgeons !» s'est tenue le 25 novembre 2025 à la DINUM. Faisant suite à une première journée ayant eu lieu en mars, cette nouvelle édition a été organisée sous la forme d’un hackathon qui avait pour thème les «Forges pour Usines-IA». Au programme : état des lieux et actualité du protocole MCP (Model Context Protocol) et présentation d'un prototype d'agent pour le projet Fordj.org en première partie de journée ; puis présentation de l'architecture du projet Tricoteuses.fr en deuxième partie de journée, avec une mise en pratique par l'expérimentation d'un client MCP dans le contexte de la «Loi sous Git».
En ouverture des travaux, le principe de «Forges métiers» tel que défini dans un rapport de recherche consacré à cette question, a permis de résumer en quelques notions-clés les problématiques du groupe de travail : usages métiers et Forges appliquées dans des domaines tels que l'éducation, le droit, l'ingénierie et la création au sens large, hébergement et fédération de Forges libres et open-source, infrastructures et écosystèmes numériques souverains. Du côté de l'actualité de ces thématiques, la problématique des dénis de services imputés aux mastodons de l'IA, et la volonté affichée par l'OSPO néerlandais de travailler avec Forgejo ont notamment été évoquées. Au moment de la rédaction de ce compte rendu, nous mentionnons également les tout derniers débats autour de la migration récente du projet Zig vers Codeberg et les controverses associées à la plateforme Github.
Comme évoqué ensuite durant la présentation du principe d'Usine-IA, l'émergence de nombreuses plateformes de «programmation assistée par modèle de langage»(vibecoding) s'accompagne d'une évolution probable du vocabulaire dans ce domaine, avec par exemple, le terme de «Studio-IA». Car au-delà des références aux «usines logicielles», le terme de «studio» est peut-être plus approprié pour évoquer ces plateformes d'un nouveau genre, qui combinent environnements de développement (Forges et IDE en ligne) avec des agents intelligents augmentés d'outils. À partir de ces principes théoriques, la mise en oeuvre d’outils agentiques fut abordée en discutant des récentes controverses concernant la «pile d'exécution» des outils MCP tel que cela est décrit dans un document publié par Anthropic. Le principe de «Forge-IA» fut également abordé à propos de la notion de «Proxy Git», mentionné dans un autre article publié par l’éditeur de Claude, et qui met en avant les problématiques de sécurité et la nécessité de cloisonner les «environnements de travail» entre agents autonomes d’une part, et humains d’autre part.
En fin de matinée, une première démonstration d’un environnement MCP («MCP Host») basée sur Nanobot et MCP-Forgejo a permis de démontrer par preuve de concept la faisabilité d’un environnement agentique dans le cadre d’une Forge open-source.
Dans la deuxième partie de journée, les travaux du groupe se sont portés sur l'intégration des systèmes agentiques dans le contexte du traitement des «données métiers». À l'occasion d'une présentation d’un outil développé pour un client privé par l'un des participants de l'atelier, le principe de la génération automatique de «contexte» pour des grands modèles de langage (LLM) à été discutée. Grâce à l'augmentation de la taille des contextes des LLM de dernière génération, les scripts d'automatisation de génération de «prompts systèmes» à partir de données métiers (combinant rédaction en Markdown et fonctions en Python) s'avère être une piste novatrice et intéressante à l'instar des nouvelles «compétences d’agents» (skills), et en lieu et place des «contextes augmentés» à base de RAG (Retrivial Augmented Generation).
Du point de vue des chaînes logicielles de traitement de la donnée dans le cadre des Forges, la présentation des briques logicielles permettant de traiter massivement des données publiques et ouvertes par le projet Tricoteuses.fr a permis de poser un certain nombre de constats. En premier lieu, l'exemple du traitement massif des données de la loi sous Git — des millions de commits dans ce contexte — à permis d'acter une forme de robustesse, et de passage à l'échelle, des outils d’intégration continue proposés par Forgejo. En dernière partie de journée, et avant les expérimentations de serveur MCP pour Tricoteuses.fr, le groupe a évoqué brièvement l'actualité autour des «Forges 2.0» en constatant que deux projets en particulier illustraient comment les problématiques de fédération de Forges pourraient être abordées par la blockchain dans le cas du projet Radicle et à partir du protcole AT dans le cadre du projet Tangled.
Du côté des résultats pratiques obtenus lors du hackathon, le groupe a pu constater que la création d’un client MCP, notamment via des canaux SSE (Server Sent Events), impliquait une complexité supérieure à la simple intégration d’une API Rest (Application Programming Interface) par exemple. Plus de détails sur ces expérimentation à consulter sur ce dépôt.